Rapport de Mary-Cabrini

Nous proposons la réflexion de Mary-Cabrini Durkin à l’occasion de la Conférence internationale d’études du 23 au 25 novembre 2018 à Brescia.

Titre: La fédération internationale

Panama: le pape François aux religieux

Depuis le Panama, la messe présidée par François en présence de prêtres, de personnes consacrées et de mouvements de laïcs dans la cathédrale Basilique Santa María La Antigua.


Tout d’abord, je veux me féliciter avec Monseigneur l’Archevêque, que pour la première fois, après presque sept ans, il a pu rencontrer son épouse, cette église, veuve provisoire pendant tout ce temps. Et me féliciter avec la veuve, qui aujourd’hui cesse d’être veuve, en rencontrant son époux. Je veux aussi remercier tous ceux qui ont rendu cela possible, les autorités et tout le peuple de Dieu, pour tout ce qu’ils ont fait pour que Monseigneur l’Archevêque puisse se retrouver avec son peuple, non pas dans une maison prêtée, mais dans sa maison. Merci !

Dans le programme était prévu que cette cérémonie, en raison du temps limité, ait deux significations : la consécration de l’autel et la rencontre avec les prêtres, les religieuses, les religieux et les laïcs consacrés. Aussi, ce que je dirai sera un peu dans cette ligne, en pensant aux prêtres, aux religieuses, aux religieux et aux laïcs consacrés, surtout à ceux qui travaillent dans cette Eglise particulière.

« Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi.Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » » (Jn 4,6-7).

L’évangile que nous avons écouté n’hésite pas à nous présenter Jésus fatigué de marcher. A midi, quand le soleil se fait sentir avec toute sa force et sa puissance, nous le trouvons près du puits. Il avait besoin d’apaiser et d’étancher sa soif, de vivre une étape, de récupérer des forces pour pouvoir continuer sa mission.

Les disciples ont vécu au premier plan ce que signifiaient le don et la disponibilité du Seigneur pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, panser les cœurs blessés, proclamer la libération des captifs et la liberté des prisonniers, consoler ceux qui étaient en deuil, proclamer l’année de grâce à tous (cf. Is 61,1-3). Ce sont toutes les situations qui te prennent la vie, te prennent l’énergie ; et ils « ne se sont pas ménagés » pour nous offrir tant de moments importants dans la vie du Maître, où notre humanité peut aussi trouver une parole de Vie.

Fatigué par la route

Il est relativement facile pour notre imagination, compulsivement productive, de contempler et d’entrer en communion avec l’activité du Seigneur, mais nous ne savons pas toujours, ou nous ne pouvons pas toujours contempler et accompagner les « fatigues du Seigneur », comme si elles n’étaient pas l’affaire de Dieu. Le Seigneur s’est fatigué et dans cette fatigue trouvent place tant de fatigues de nos populations et de notre peuple, de nos communautés et de tous ceux qui sont épuisés et accablés (cf. Mt 11,28).

Les causes et les motifs qui peuvent provoquer la fatigue du chemin en nous prêtres, personnes consacrées, membres des mouvements laïcs, sont multiples : depuis les longues heures de travail qui laissent peu de temps pour manger, se reposer, prier et être en famille, jusqu’aux conditions « nocives » de travail et d’affectivité qui conduisent à l’épuisement et brisent le cœur ; depuis le simple et quotidien don de soi jusqu’au poids routinier de celui qui ne trouve plus le goût, la reconnaissance ou la subsistance nécessaire pour faire face au jour le jour ; depuis les habituelles et prévisibles situations compliquées jusqu’aux stressantes et angoissantes heures de pression. Toute une gamme de poids à supporter.

Il serait impossible de vouloir couvrir toutes les situations qui brisent la vie des personnes consacrées, mais nous ressentons dans toutes ces situations la nécessité urgente de trouver un puits qui puisse soulager et étancher la soif et la fatigue du chemin. Toutes réclament, comme un cri silencieux, un puits d’où repartir à nouveau.

A ce sujet, depuis quelque temps, semble s’être souvent installée dans nos communautés une subtile espèce de fatigue, qui n’a rien à voir avec la fatigue du Seigneur. Et ici nous devons faire attention. Il s’agit d’une tentation que nous pourrions appeler la lassitude de l’espérance. Cette lassitude qui surgit quand – comme dans l’Evangile – le soleil tombe comme du plomb et rend les heures ennuyeuses, et qui le fait avec une intensité telle qu’elle ne permet pas d’avancer ni de regarder en avant. Comme si tout devenait confus. Je ne me réfère pas ici à la « certaine peine du cœur » (S. Jean-Paul II, Lett. enc. Redemptoris Mater, n. 17; cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n.287) de ceux qui « sont brisés » par le don, à la fin de la journée, et qui parviennent à exprimer un sourire serein et reconnaissant; mais à cette autre fatigue, celle qui naît face à l’avenir quand la réalité « gifle » et met en doute les forces, les moyens et la possibilité de la mission en ce monde tellement changeant et qui interroge.

C’est une lassitude paralysante. Elle naît du fait de regarder en avant et de ne pas savoir comment réagir face à l’intensité et à la perplexité des changements que, comme société, nous traversons. Ces changements semblent non seulement interroger nos formes d’expression et d’engagement, nos habitudes et nos attitudes face à la réalité, mais ils mettent en question, dans de nombreux cas, la possibilité même de la vie religieuse dans le monde d’aujourd’hui. Et même la rapidité de ces changements peut conduire à paralyser toute option et toute opinion et, ce qui a été significatif et important en d’autres temps semble maintenant ne plus avoir lieu d’être.

Sœurs et frères, la lassitude de l’espérance naît du constat d’une Eglise blessée par son péché et qui si souvent n’a pas su écouter tant de cris dans lesquels se cachait le cri du Maître : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27,46).

Et ainsi nous pouvons nous habituer à vivre avec une espérance fatiguée face à l’avenir incertain et inconnu, et cela laisse de la place pour que s’installe un pragmatisme gris dans le cœur de nos communautés. Tout semble apparemment avancer normalement, mais en réalité la foi s’épuise, se ruine. Communautés et prêtres déçus par la réalité que nous ne comprenons pas ou dont nous croyons qu’elle n’a plus de place pour notre proposition, nous pouvons donner le « droit de cité » à l’une des pires hérésies possibles de notre époque : penser que le Seigneur et nos communautés n’ont plus rien à dire et à apporter à ce monde nouveau qui est en gestation (cf. Exhort. Ap. Evangelii gaudium, n.83). Et puis il arrive que ce qui un jour a surgi pour être le sel et la lumière du monde finisse par offrir sa pire version.

Donne-moi à boire

Les fatigues du chemin arrivent et se font sentir. Que cela plaise ou non, elles sont, et c’est bon d’avoir le même courage que celui qu’a eu le Maître pour dire : « donne-moi à boire ». Comme cela est arrivé à la Samaritaine et peut nous arriver, à chacun de nous, nous ne voulons pas apaiser la soif avec une eau quelconque mais avec « la source d’eau jaillissant pour la vie éternelle » (Jn 4,14). Nous savons, comme le savait bien la Samaritaine qui portait depuis des années des cruches vides d’amours ratés, que n’importe quelle parole ne peut pas aider à récupérer les forces et la prophétie dans la mission. Aucune nouveauté, aussi séduisante qu’elle puisse paraître, ne peut apaiser la soif. Nous savons, comme elle le savait bien, que le savoir religieux, la justification d’options déterminées et de traditions passées ou de nouveautés présentes, ne nous rendent pas non plus toujours féconds, ni ne font de nous de passionnés « adorateurs en esprit et en vérité » (Jn 4,23).

« Donne-moi à boire », c’est ce que demande le Seigneur et ce qu’il nous demande de dire. En le disant, nous ouvrons la porte à notre espérance fatiguée pour revenir sans peur au puits fondateur du premier amour, quand Jésus est passé sur notre chemin, il nous a regardés avec miséricorde, il nous a choisis et nous a demandé de le suivre ; en le disant, nous retrouvons la mémoire de ce moment où son regard a croisé le nôtre, ce moment où il nous a fait sentir qu’il nous aimait, qu’il m’aimait, et non seulement de manière personnelle, également comme communauté (cf. Homélie de la Vigile pascale, 19 avril 2014). Pouvoir dire « donne-moi à boire » signifie revenir sur nos pas et, dans la fidélité créative, écouter comment l’Esprit n’a pas engendré une œuvre ponctuelle, un plan pastoral ou une structure à organiser mais comment, par le moyen de tant de « saints de la porte d’à côté » – parmi ceux-là nous trouvons des pères et des mères fondateurs d’instituts séculiers, des évêques, des curés qui ont su donner des bases solides à leurs communautés –, à travers ces saints de la porte d’à côté il a donné vie et oxygène à un contexte historique déterminé qui semblait étouffer et écraser toute espérance et toute dignité.

« Donne-moi à boire » signifie encourager à laisser purifier et sauver la part la plus authentique de nos charismes fondateurs – qui ne se réduisent pas seulement à la vie religieuse mais qui concernent toute l’Église – et voir comment ils peuvent être exprimés aujourd’hui. Il s’agit non seulement de regarder le passé avec reconnaissance mais aussi de rechercher les racines de son inspiration et de les laisser résonner à nouveau, avec force parmi nous (cf. Pape François – Fernando Prado, La force de la vocation, p. 43).

« Donne-moi à boire » signifie reconnaître que nous avons besoin que l’Esprit nous transforme en femmes et en hommes qui se souviennent d’une rencontre et d’un passage, le passage salvifique de Dieu. Et confiants que, comme il l’a fait hier, ainsi il continuera de le faire demain : « aller à la racine nous aide, sans aucun doute, à bien vivre le présent, et à le vivre sans avoir peur. Il faut vivre sans peur, en répondant à la vie avec la passion d’être engagés dans l’Histoire, impliqués. C’est une passion amoureuse, […] » (cf. Ibid., p. 45).

L’espérance fatiguée sera guérie et jouira de cette « certaine peine du cœur », à partir du moment où l’on n’a pas peur de revenir au premier amour et de réussir à trouver, dans les périphéries et les défis qui aujourd’hui se présentent à nous, le même chant, le même regard qui ont suscité le chant et le regard de nos ainés. Ainsi nous éviterons le risque de partir de nous-mêmes et nous abandonnerons l’épuisant auto-apitoiement pour trouver le regard avec lequel le Christ aujourd’hui continue de nous chercher, continue de nous regarder, continue de nous appeler et de nous inviter à la mission, comme il l’a fait en cette première rencontre, la rencontre du premier amour.

* * *

Et cela ne me semble pas être un évènement mineur que la réouverture des portes de cette Cathédrale après une longue période de rénovation. Elle a connu le passage des années, comme témoin fidèle de l’histoire de ce peuple, et avec l’aide et le travail de beaucoup, elle a voulu offrir à nouveau sa beauté. Plus qu’une restauration classique, qui souvent essaie de revenir au passé original, on a cherché à rendre la beauté des années, en étant ouvert à l’accueil de toute la nouveauté que le présent pouvait lui offrir. Une Cathédrale espagnole, indienne et afro-américaine devient ainsi une Cathédrale panaméenne, de ceux qui hier mais également de ceux qui aujourd’hui ont rendu possible ce fait. Elle n’appartient plus seulement au passé, mais elle est la beauté du présent.

Et aujourd’hui de nouveau c’est un tournant qui conduit à renouveler et à alimenter l’espérance, à découvrir comment la beauté d’hier devient un fondement pour construire la beauté de demain.

Ainsi agit le Seigneur. Pas de lassitude de l’espérance ; oui à la fatigue particulière du cœur de celui qui poursuit chaque jour ce qui lui a été confié dans le regard du premier amour.

Frères et sœurs, ne nous laissons pas voler l’espérance dont nous avons hérité, la beauté que nous avons héritée de nos pères ! Qu’elles soient la racine vivante, la racine féconde qui nous aide à continuer à rendre belle et prophétique l’histoire du salut sur ces terres.


Trois points de réflexion « vocationnelle »

à partir du « document final du Synode des Évêques :

« Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel »

  1. Le chapitre II de la deuxième partie du document porte le titre: « Le Mystère de la Vocation.

Son premier numéro, le numéro 77, a pour thème: « la recherche de la vocation. Vocation, Voyage et découverte” et il s’exprime ainsi : » Le récit de l’appel de Samuel (cf. 1 Sam 3,1-21) permet de saisir les éléments fondamentaux du discernement: l’écoute et la reconnaissance de l’initiative divine, une expérience personnelle, une compréhension progressive, un accompagnement patient et respectueux du mystère en acte, une visée communautaire. La vocation ne s’impose pas à Samuel comme un destin à subir; c’est une proposition d’amour, un envoi missionnaire dans une histoire de confiance quotidienne réciproque.

Comme pour le jeune Samuel, pour tout homme et toute femme, la vocation, bien qu’ayant des moments forts et privilégiés, requiert un long voyage. La Parole du Seigneur exige du temps pour être comprise et interprétée; la mission à laquelle elle appelle se révèle progressivement. Les jeunes sont fascinés par l’aventure de la découverte progressive de soi. Ils apprennent volontiers à partir des activités qu’ils pratiquent, à partir des rencontres et des relations, en se mettant à l’épreuve au quotidien. Mais ils ont besoin d’être aidés à faire l’unité de ces diverses expériences et à les lire dans une perspective de foi, afin d’éviter le risque de la dispersion et pour reconnaître les signes par lesquels Dieu parle. Dans la découverte de la vocation, tout n’est pas tout de suite clair, car la foi « voit » dans la mesure où l’on marche, où l’on entre dans l’espace ouvert par la Parole de Dieu (FRANÇOIS, Lumen fidei, 9) ».

 Les passages personnels et les critères pour accompagner le « long parcours vocationnel » sont intéressants : écoute, reconnaissance de l’initiative divine, expérience personnelle, compréhension progressive, accompagnement patient et respectueux du mystère en acte, visée communautaire « . Il s’agit d’accompagner une personne pour qu’elle arrive à accepter une proposition d’amour, un envoi en mission dans une histoire quotidienne de confiance mutuelle dans le Seigneur, mais aussi dans la communauté dans laquelle elle décide de se consacrer au Seigneur lui-même, en partageant la mission et le charisme de cette même communauté à laquelle elle décide d’appartenir. Le rôle de l’accompagnateur au discernement est intéressant : « Il faut les aider à faire l’unité de ces diverses expériences et à les lire dans une perspective de foi, afin d’éviter le risque de la dispersion et pour reconnaître les signes par lesquels Dieu parle. Dans la découverte de la vocation, tout n’est pas tout de suite clair, car la foi «voit» dans la mesure où l’on marche, où l’on entre dans l’espace ouvert par la Parole de Dieu « .

  1. Le numéro 80 a pour thème : Pour une culture vocationnelle.

Il est écrit « Parler de l’existence humaine en termes de vocation permet de mettre en évidence certains éléments qui sont très importants pour la croissance d’un jeune: cela exclut ainsi que l’existence soit déterminée par le destin ou qu’elle soit le fruit du hasard, de même qu’elle n’est pas un bien privé que l’on peut gérer soi-même. Si, dans le premier cas, il n’y a pas de vocation parce qu’il n’y a pas de reconnaissance d’une destination digne de l’existence, dans le second cas un être humain considéré « sans liens » s’avère être « sans vocation ». Voilà pourquoi il est important de créer les conditions pour que, dans toutes les communautés chrétiennes, à partir de la conscience baptismale de leurs membres, se développe une véritable culture vocationnelle et un engagement constant de prière pour les vocations. »

Les deux aspects dans lesquels une prise de conscience vocationnelle peut mûrir sont intéressants. Il n’y a pas de vocation authentique quand elle est perçue comme « déterminée par le destin ou qu’elle soit le fruit du hasard » il y a tout d’abord conscience vocationnelle lorsqu’«il y a reconnaissance d’une destination digne de l’existence». Donc, pas un choix résigné car il n’y a pas d’autre issue, mais une destination de choix dans laquelle investir sa vie. Deuxièmement, il n’y a pas de vocation si l’on considère que son appel est «un bien privé que l’on peut gérer soi-même», à vivre «sans liens». C’est

comme si on cherchait correctement et authentiquement une recherche vocationnelle en essayant de comprendre le plan du Seigneur, où et comment il peut rendre la vie digne, où et avec qui partager sa mission. Le texte parle de la vie de l’appelé « pas comme un bien à gérer soi-même et à vivre sans liens ».

  1. Enfin, je reprends le numéro 88 qui a pour thème: « La vie consacrée ».

Nous lisons: « Le don de la vie consacrée que l’Esprit suscite dans l’Église sous sa forme aussi bien active que contemplative, revêt une valeur prophétique particulière dans la mesure où elle constitue un témoignage joyeux de la gratuité de l’amour. Quand les communautés religieuses et les nouvelles fondations vivent authentiquement la fraternité, elles deviennent des écoles de communion, des centres de prière et de contemplation, des lieux de témoignage du dialogue intergénérationnel et interculturel et des espaces pour l’évangélisation et la charité. La mission de nombreuses personnes consacrées, hommes et femmes, qui prennent soin des plus petits dans les périphéries du monde manifeste concrètement le dévouement d’une « Eglise en sortie ». Si, dans certaines régions, elle subit une réduction numérique et la fatigue du vieillissement, la vie consacrée continue aussi d’être féconde et créative à travers la coresponsabilité avec des laïcs qui partagent l’esprit et la mission des différents charismes … »

Toute forme de consécration est un joyeux témoignage de la gratuité de l’amour. Ce témoignage est prophétique car il annonce parmi les hommes le sens divin de la vie, en tant que manifestation de Dieu amour et source de l’amour. Il est donc important de souligner que la fraternité des membres de la communauté devient une école de communion, de prière, de dialogue entre différents âges et cultures et de charité. Chaque communauté de consacrées, même séculières, devrait inclure dans sa mission  » de prendre soin des plus petits dans les périphéries du monde ». Ce numéro se termine par une affirmation qui devrait raviver le besoin de prier et de travailler pour que les vocations à la vie consacrée ne manquent pas: «L’Eglise et le monde ne peuvent se passer de ce don vocationnel qui constitue une grande ressource pour notre temps. »

Noël 2018

Nos meilleurs vœux à tous pour un Joyeux Noël et une année 2019 de paix.


Heureusement que Tu viens, Seigneur.
Tu ne te lasses pas de venir
au milieu de nous,
de chercher l’hospitalité
dans notre cœur. 

Et nous, comme les foules
d’il y a deux mille ans,
nous venons te présenter
nos blessures,
nos plaies,
notre cœur
dont le rayon d’amour
a tendance à diminuer. 

Heureusement queTu reviens
dans notre monde
plein de contradictions,
où les mots luttent
pour trouver le chemin de la sincérité,
où le comportement personnel et
communautaire s’écarte, souvent,
de la cohérence avec sa propre foi.

Heureusement queTu ne te fatigues pas, Seigneur,
de nous inviter à ouvrir
de nouvelles routes, où il y a de l’espace et du temps
pour être ou redevenir humain:
des gens qui ne se laissent pas habiter
par la haine, qui n’alimentent pas la peur,
qui ne méprisent pas la pensée,
l’histoire et la vie des autres.

Heureusement que Tu continues
à répéter le geste généreux
du semeur et Tu n’arrêtes pas
de répandre des semences de bonté,
de vérité, de beauté
dans notre vie, dans notre famille,
dans notre Eglise, dans le monde.

Et alors, en levant les yeux,
nous pouvons encore apercevoir
tous ceux qui jettent des ponts,
tous ceux qui refusent
d’élever des barrières,
tous ceux qui aiment
construire des murs.

Ton retour est une grâce, Seigneur.
Nous en avons besoin
pour nous arrêter, pour réfléchir,
pour recentrer notre vie.
Nous voulons nous entendre redire
que nous avons besoin
des paroles qui guérissent, non pas qui blessent;
des yeux d’où transpire l’amour,
pas le mal;
des mains qui caressent,
pas qui frappent;
des pas qui nous portent vers l’autre,
non pas qui nous en éloignent.

Nous pourrions nous donner et donner comme cadeaux
un Noël comme ça!
Que ta venue parmi les hommes
nous aide  à rester humain.
(p Renzo Mandirola – SMA)

En chemin vers la saintetè

A Padova nei giorni scorsi si è chiuso il processo diocesano per la causa di beatificazione della consorella MARIA BORGATO,  morta nel campo di concentramento femminile di Ravensbrück, poco lontano da Berlino. Faceva parte della catena di solidarietà del francescano padre Placido Cortese, anche lui arrestato e ucciso per aver cercato di mettere in pratica quanto insegna il Vangelo.

Alla presenza del Vescovo Mons. Claudio Cipolla ha prestato giuramento il postulatore della causa, Mons. Giuseppe Magrin, già assistente della Compagnia di Padova. Ora tutta la documentazione passa a Roma, in Vaticano.

Chiediamo a Maria Borgato che dal Cielo guardi le nostre Compagnie e le faccia fiorire di gesti di bontà e di altruismo, come ha fatto lei nel suo quotidiano.

Una consorella presente alla cerimonia così commenta:

“ … La figura di Maria è stata resa quasi palpabile dagli interventi delle autorità che via via hanno preso la parola. Ognuno ha sottolineato con sfumature diverse la straordinaria fortezza di questa donna semplice che con tanta umiltà e coraggio ha saputo testimoniare il suo appartenere a Dio e il suo amore verso i fratelli. In modo silenzioso e senza ostentazioni, Maria ha fatto della sua vita un dono fino in fondo. Lei ha vissuto sulla sua pelle la spogliazione e l’annientamento della propria dignità, senza temere la persecuzione e la morte, pur di salvare la vita degli altri.
Mentre i vari attori del processo apponevano le loro ultime firme ai verbali che poi venivano inseriti nelle relative scatole per essere trasportati a Roma, ho pensato a quante prove materiali e argomentazioni razionali siano necessarie per dimostrare la santità di una persona, quella santità che la storia locale le ha già riconosciuto da tempo e che nessun contenitore può accogliere in pienezza, perché essa è qualcosa che va oltre le nostre categorie e si innesta tra le pieghe più segrete del cuore umano.

Siamo grate a Dio e alla nostra sorella Maria per il dono della sua vita e della sua testimonianza.  Il suo esempio ci sia di aiuto nell’affrontare con amore e coraggio le prove che la vita di tutti i giorni ci presenta a livello ora personale ora sociale, sicure che Dio e la nostra madre Sant’ Angela non ci lasceranno sole”.

Leggi di più su MARIA BORGATO

Journal de liaison

Publié dans la section « Archives », le troisième journal de liaison « Dans le même charisme avec responsabilitè » contenant les actes de l’Assemblée.

Lisez le journal sur ce LINK

 

« Un chemin de sainteté…lecture spirituelle des Constitutions de la Compagnie »


Nous avons la chance de présenter le texte de Kate “Un chemin de Sainteté…lecture des Constitutions de la Compagnie”, également en français et en anglais

               

 

 

Salutations du Cardinal Pietro Parolin

Rome le 11 juillet 2018, San Benedetto da Norcia – Saint Pierre sur la tombe des papes

Salutations du Cardinal Pietro Parolin – Secrétaire d’État du Vatican

Aujourd’hui, votre Eucharistie est célébrée ici au tombeau de Saint Pierre, lieu particulièrement significatif.

Je ne veux pas manquer cette rencontre spéciale et vous saluer tous, représentants de la Fédération de la Compagnie de Sainte Ursule Institut séculier de Sainte Angèle Merici, qui êtes réunies à Rome pour votre Assemblée ordinaire.

J’adresse un salut cordial à la Direction qui laisse beaucoup de fruits mûris dans ces années et un souhait tout aussi sincère à la nouvelle Direction, afin qu’elle puisse faire un travail profitable au service de votre Compagnie.

J’ai lu un certain nombre de vos bulletins de 2016, dédié à la présentation de l’histoire de la Fédération de la Compagnie de Sainte Ursule, qui a été édité par le prof. Gheda, où il est dit que le charisme méricien consiste essentiellement en quatre appels : l’appel à la sainteté, l’ appel à la dignité et le confort de donner l’appel au renouvellement, l’appel à apporter la lumière dans le monde et dans l’histoire. Vôtre est vraiment une belle vocation, une belle vocation, un bel appel.

Je à peu près commentaire sur cette vocation, cet appel et je ferai référence à la figure importante que nous célébrons aujourd’hui, et que la liturgie propose à notre vénération et pour notre imitation, que saint Benoît de Nursie, le père du monachisme occidental, professeur de civilisation et brillant exemple de sainteté . Si nous voulions résumer son enseignement, nous pouvons le faire dans cette expression: l’homme n’a qu’un devoir, une tâche fondamentale et cette tâche est de chercher Dieu, parce que l’être humain ne se développe pas pleinement et ne se réalise pas pleinement. . L’être humain ne peut pas être pleinement heureux sans Dieu ou contre Dieu Après les comptes Benoît XVI ne fait rien que répéter, avec une modulation différente ce qui était l’idée fondamentale d’Augustin au début des Confessions: « Tu nous as faits pour Seigneur et notre cœur est agité jusqu’à ce qu’il repose en toi « .

D’où aussi son programme de vie pour les moines qui se résume: «Rien ne précède l’amour du Christ».

En cela, chers frères et soeurs, consiste en la sainteté, cette sainteté rappelée par le pape François est recommandée à tous les chrétiens dans la récente exhortation apostolique: «Gaudete et exsultate».

C’est un appel et une proposition valables pour chaque chrétien et plus que jamais à notre époque où nous ressentons le besoin d’ancrer la vie et l’histoire à de fortes références spirituelles. Et c’est sur ce chemin de sainteté que vous aussi, chères sœurs, devez être en voyage. Ce n’est que de cette manière que le renouvellement quotidien sera possible, seulement de cette manière vous pouvez apporter la lumière au monde et à l’histoire, la consolation est la dignité de ceux qui sont privés: rechercher Dieu et rien avant l’amour du Christ.

Même de nos jours, le monde a besoin des femmes de Dieu et du prochain, a besoin de femmes capables de se souvenir et d’un service généreux, a besoin de femmes qui aiment l’église et qui sont obéissantes, mais qui la soutiennent et la stimulent aussi. avec leurs suggestions mûries dans la conversation avec le Christ, dans l’expérience directe dans le domaine de la charité, dans l’aide aux malades, aux marginalisés et aux mineurs en difficulté.

A propos, le Pape Benoît XVI a déclaré: « C’est le don d’une maternité qui fait corps avec l’offrande religieuse sur le modèle de la Très Sainte Vierge Marie. Le cœur de Marie est le cloître où la Parole continue à parler en silence et, en même temps, le four de charité qui encourage les gestes courageux et à un persévérant et le partage caché ».

Je conclus ces brèves réflexions, elles ne veulent être qu’une expression, une attestation de mon estime, de mon affection, de ma proximité et de mes encouragements.

Je vous souhaite le meilleur dans votre vie personnelle et apostolique et je vous assure de mes prières alors que je me confie à la vôtre dans cette Eucharistie que vous allez célébrer. Bonne journée et bon voyage.

(tiré de l’enregistrement, non révisé par l’auteur)

Homélie Mgr Carballo

Rome 7 juillet 2018

Homélie Célébration eucharistique de l’ouverture de l’Assemblée:

Son Exc. Mgr José Rodriguez Carballo O.F.M. Secrétaire de CIVCSVA

(Ez 2: 5-5, Ps 122, 2 Corinthiens 12: 7-10, Mc 6: 1-6)

L’Ecriture sainte. Voici frères et sœurs, la mission de la parole que nous avons entendue, cette parole est appelée à devenir pour toi et pour moi la lampe et la lumière sur notre chemin. Si nous ne voulons pas que la Parole soit une parole morte et stérile, mais si nous voulons qu’elle porte du fruit, nous devons l’accueillir comme une lampe et une lumière. Pour cela, nous devons l’écouter, c’est-à-dire que nous devons l’accueillir dans notre cœur, de façon à pouvoir devenir interprètes de l’Evangile, comme nous l’a demandé il y a quelques années Benoît XVI dans cette belle exhortation apostolique « Verbum Domini », interprètes, exégètes vivants de l’Evangile.

Telle est la mission qui nous unit tous, nos Règles nous séparent ou au moins nous différencient, mais l’Évangile nous unit, la parole nous unit, c’est elle, dit le Concile, qui est la Règle absolue de la vie consacrée. Le Pape François dit que c’est la règle suprême de la vie consacrée, donc nous devons revenir à l’Évangile, nous devons accueillir la parole qui est lumière pour notre vie.

 Dans cette parole que nous avons entendue je voudrais souligner trois aspects ou, s’il m’est permis de dire, je voudrais reprendre trois aspects :

1er aspect: Nous sommes envoyés. Je t’envoie dit le Seigneur à Ezéchiel.

Marie, Antoine, Pierre, Jean … Je t’envoie: c’est la mission que le Seigneur donne  aujourd’hui à chacun de nous qui l’avons entendue. Comme Jésus dans l’Évangile, nous sommes nous aussi envoyés pour aller de village en village, surtout dans les rues du monde vous, Institut séculier.

Veillez à ne pas vous enfermer dans les sacristies, on n’a pas besoin de vous dans les sacristies et donc attention, sœurs, ne soyez pas une photocopie de nous les religieux, l’église n’a pas besoin de photocopies qui disparaissent après quelques années. Il y a soixante-dix ans, l’Église a reconnu votre forme de vie consacrée dans le monde, consacrées séculières, dans le siècle, n’y renoncez pas, sinon vous devez disparaître. Vous savez comment je parle, je ne suis pas là pour adoucir le poison qui nous conduit à la mort, soyez fières de votre vocation et soyez en accord avec votre consécration de consacrées séculières, consacrées dans le monde.

Comme Jésus, alors, nous sommes envoyés. Envoyés pour quoi ?  Pour enseigner comme Lui, Pour faire de beaux discours ? Non!

Le monde est plein de discours, il  n’a pas besoin de plus de paroles. Ce dont le monde a besoin, c’est  avant tout d’une parole qui  témoigne.

Quand l’Évangile dit que Jésus enseignait avec autorité cela signifie qu’il n’était pas un beau parleur, il ne faisait pas du baratin. Donc, envoyés  pour dire quoi ?

Ce que nous avons entendu. Regardez Jésus : il ne fait que ce qu’il a vu faire au Père, il ne dit rien d’autre que ce qu’il a entendu du Père.

Mais qui sommes-nous ? Pensons-nous que nous sauverons le monde ? Non ! Absolument pas! Nous ne pouvons rien faire d’autre que dire ce que nous avons entendu, faire ce que nous avons vu, faire comme le prophète. Nous aussi sommes appelés à enseigner, à vivre, à annoncer ce que dit le Seigneur ; rien d’autre, tout le reste n’est qu’orgueil : moi, moi, moi.

Le Seigneur a appelé les disciples pour qu’ils soient avec lui et il les a envoyés.

Bien sûr, nous sommes appelés comme consacrés, vous comme épouses selon la spiritualité de Sainte Angèle, nous sommes appelés à être en pleine communion avec le Seigneur. Pour pouvoir dire ce que le Seigneur dit, la communion est fondamentale.

La dimension contemplative est aussi pour vous qui vivez dans le monde, si vous ne voulez pas être du monde, vous devez être contemplatives. La communion avec le Seigneur est vitale, existentielle, elle est fondamentale. Mais attention à ne pas nous tromper, Jésus nous appelle pour nous envoyer immédiatement, donc il nous met sur les routes du monde. Il les a appelés pour être avec lui mais en même temps pour les envoyer.

Voilà donc la raison de notre pleine communion avec le Seigneur, le reste ne sert qu’à nous tromper nous-mêmes, spécialement pour vous consacrées dans le monde.

Le Pape insiste beaucoup sur l’église en marche, en sortie, la vie consacrée est en sortie, arrêtons de contempler, excusez mon langage mais je me sens en famille, de contempler notre nombril. Le Pape dans sa lettre aux consacrés nous dit : Ne soyez pas victimes de vos petits, j’ajoute parfois, de vos grands problèmes, querelles, nous en avons tous … Mais si nous contemplons seulement notre problème, à la fin nous sommes étouffés. Les jeunes prophétisent, les vieux rêvent. Que personne ne nous prive des rêves parce que pendant que nous rêvons nous sommes vivants, nous sommes jeunes, le jour où nous perdons la capacité de rêver, la vieillesse est entrée en nous.

Donc le premier aspect: l’envoi, nous sommes envoyés.

2ème aspect: Nous sommes envoyés dans un champ où semer n’est pas facile du tout.

Nous le voyons dans la Parole de Dieu : Ézéchiel doit prêcher à un peuple rebelle, à un peuple au cœur endurci, à un peuple obstiné. La mission des prophètes a toujours été très difficile, et nous, consacrés, pouvons renoncer à beaucoup de choses, mais il y a un élément que nous ne pouvons pas oublier, dit le Pape dans la lettre aux consacrés : la prophétie ? ou bien nous sommes  prophètes ou il vaut mieux nous retirer de la vie consacrée.

Même Paul ne se sent pas à la hauteur du ministère auquel il a été appelé. Il parle d’une épine: les exégètes voudraient en savoir plus sur que ce que Paul a dit et font diverses hypothèses, il se réfère probablement à quelque chose qui l’empêche de se sentir digne du ministère qui lui a été confié. En même temps, Paul, comme tous les apôtres, doit goûter le vin amer de la persécution, des insultes, des privations et de beaucoup d’autres difficultés qu’il rencontre dans sa proclamation de l’Evangile.

Enfin, Jésus, dans l’Évangile, nous le voyons … est rejeté par les siens. Ici s’accomplit encore la parole de Jean dans le prologue : « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas accueilli ». Les siens ont dit : nous n’avons pas besoin de toi, à la rigueur pour nous remplir l’estomac quand nous avons faim ou pour guérir les malades, mais ta prédication  ne nous intéresse pas, demain nous t’écouterons si nous n’avons rien d’autre à faire. C’est le sort des prophètes, ça a été le sort de Jésus, c’est le sort de celui ou celle qui prophétise, il n’y a pas d’autre chemin. Nous voyons que Jésus devait se sentir un peu frustré en tant qu’homme, je pense que c’est la seule fois où il est dit que Jésus n’a rien pu faire, Jésus se sent impuissant devant les siens.

3ème aspect: Beaucoup de difficultés, mais nous ne sommes pas seuls.

Le Seigneur est avec nous, dans la mission qu’il nous confie et quand nous sentons, comme Paul, le poids de notre faiblesse, des difficultés à évangéliser, le Seigneur nous dit, à nous comme à Paul : « Ma grâce te suffit », mais ici nous devrons vaincre une autre tentation.

Nous préférerions faire par nous-mêmes sans la nécessité de la grâce, parce que le moi, l’orgueil se manifesterait, mais le Seigneur nous fait comprendre que nos chars et nos chevaux ne nous conduisent à rien, que c’est précisément dans la faiblesse que nous pouvons être grands parce que c’est là que nous pouvons expérimenter que la force du Seigneur se manifeste aussi dans notre faiblesse.

Si rien n’est impossible pour Dieu, comme le dit Luc dans son évangile, nous pouvons dire avec saint Paul: «Tout est possible  en celui qui me donne la grâce», mais attention à ne pas tout mettre dans les structures, dans nos chars et nos chevaux car nous coulerons comme les chars et les chevaux de pharaon.

Je sais très bien que certaines de vos compagnies traversent des difficultés, surtout peut-être  par manque de nouvelles vocations et parce que les structures risquent d’étouffer votre charisme.

Attention aux structures, il en existe trois types :

1 ° Celles que nous devons maintenir pour exprimer notre charisme.

2 ° Celles qu’il faut innover pour l’exprimer.

3 ° Celles que nous devons laisser.

Un chapitre général, une assemblée générale comme la vôtre, ne peut manquer de faire aussi un sérieux discernement sur les structures.

Le Pape nous donne le critère dans la lettre aux consacrés, en posant une question : Est-ce que les structures que nous avons servent à la mission ou est-ce la mission qui est en fonction des structures ? Les structures que nous avons manifestent-elles  notre être de consacrés, dans votre cas, vous, épouses du Christ ?  Pouvez-vous continuer à faire ce que vous pouvez et comme vous le pouvez en maintenant peut-être des structures qui existent aujourd’hui et qui n’existeront plus demain, laissant peut-être de côté des éléments fondamentaux, en pleine communion avec l’époux… S’il vous plaît soyez courageuses et n’attendez pas demain, il sera peut-être trop tard.

Ce que vous devez faire faites-le, souvenez-vous que nous ne sommes jamais seuls, et que nous ne devons pas avoir peur de la faiblesse. Le pape Benoît XVI dans l’homélie du 2 février 2013, que je considère un peu comme le testament de la vie consacrée car peu de jours après il  quittait la chaire de Pierre, nous a tous invités à accueillir avec joie le fait d’être en minorité et, en gardant une foi vive, à parvenir à nous vanter, comme Paul, de nos faiblesses.

Chères sœurs, nous sommes envoyés dans des contextes d’incrédulité, de méfiance, d’indifférence … c’est le plus grand problème que l’église a devant elle, où, même les nôtres ne nous écouteront pas, ceux que nous pensons proches. Ce sont les siens qui sont venus à Jésus pour le prendre en disant qu’il était hors de lui. S’ils ont ainsi traité le maître, que pouvons-nous attendre ? Cette réalité n’est certainement pas facile, il faut une attitude de foi et de confiance dans le Seigneur.

Très chères sœurs, je vous souhaite une assemblée de la Fédération avec beaucoup de dialogue, pas de discussions. Il n’y a pas de dialogue sans écoute, écoutez-vous les uns les autres.

Puis je vous souhaite de laisser travailler le Saint-Esprit, ce qui ne doit pas être tenu pour acquis. Que vous puissiez dire : « Le Saint-Esprit et nous, avons décidé ». En ne changeant pas les termes: « Nous et peut-être le Saint-Esprit avons décidé … ». Que pour cela l’assemblée soit vécue dans un climat de prière, dans un climat de discernement, c’est la parole fondamentale pour vivre le présent avec passion et l’avenir avec l’espérance de la vie consacrée.

Discernement personnel: Seigneur, que veux-tu que je fasse? Discernement au niveau de l’assemblée : Sœurs que devons-nous faire?

Les trois éléments qui ne peuvent jamais manquer dans le discernement:

1) L’évangile, avec l’évangile en mains et dans le cœur, car ce n’est qu’avec lui qu’on peut  fonder  notre vie.

2) Le charisme, votre propre charisme : Vous êtes séculières, restez séculières, non des religieux de deuxième ou troisième catégorie. Je vois un problème pour la vie consacrée, combien de fois nous les religieux sommes en train de devenir séculiers et vous les séculiers êtes en train de devenir religieux. Cela ne va pas, chacun reste dans la vocation à laquelle il a été appelé, et chacun ravive le don reçu de Dieu.

Donc discernement à la lumière de votre charisme en tant que consacrées séculières, à la lumière de votre charisme d’épouse et soyez unies. La sainte unité, dirait votre fondatrice, est  un élément fondamental pour vous, une unité que nous pourrions aussi traduire par communion, non par uniformité.

Chacune de vous doit vivre le charisme dans sa propre culture, donc pas d’uniformité, mais toujours l’unité, et si au nom du charisme  cette unité, cette communion venait se briser … sachez que là où il n’y a pas de charisme  il n’y a pas non plus le Seigneur, parce que nous le disons, le seul qui divise est le diable, celui qui sépare.

Le troisième élément, qui doit être présent dans notre discernement en tant qu’assemblée ce  sont les signes des temps. Je le dis souvent, la question fondamentale n’est pas ce que nos fondateurs ont fait, mais la question est de savoir ce que nos fondateurs feraient ici et maintenant ?

C’est pourquoi la Vie Consacrée nous invite à reproduire courageusement la sainteté et la créativité de nos fondateurs, sainteté et créativité.

Mes Sœurs, bonne Assemblée et que le Seigneur vous bénisse, bénisse vos familles, votre chemin. Sachez que notre Congrégation est toujours ouverte à une aide possible.

Ayez du courage! Avancez ! Avancez ! Avancez !

Que personne ne vous vole la joie de suivre le Christ. Que personne ne vous vole l’évangile. Le reste si on vous le vole, laissez-le partir, ne perdons pas notre énergie pour le récupérer peut-être.

Jésus ne nous vole pas, jamais. Sinon il nous faudrait aller au bout du monde pour le récupérer.

Bonne assemblée !

(tiré de l’enregistrement, non révisé par l’auteur)

Le salut de la nouvelle présidente!

À la fin du dépouillement, quand mon nom est apparu clairement pour l’élection de la Présidente, j’ai pris la Règle entre les mains comme pour chercher la main de sainte Angèle. J’ai ouvert au hasard et mes yeux sont tombés sur ces mots: « Bienheureux ceux qui s’en occuperont vraiment « . C’était le onzième Legs, au numéro treize.

Avec cette parole entre les mains, je me suis levée, je me suis présentée à l’Assemblée, j’ai embrassé Maria Rosa Razza avec une vive émotion et j’ai salué les compagnes présentes avec ces mots: « Bienheureux ceux qui s’en occuperont vraiment » …… cette béatitude de Sainte Angèle me rejoint, mais aussi chacune de vous, chaque Compagnie. C’est la tâche de chacune de prendre soin de sa propre vocation, il est du devoir de chaque Compagnie de prendre soin du bien de chaque fille et compagne. Si chacune de nous prend soin de sa vocation et de sa Compagnie, alors cette béatitude sera une grâce et une expérience du «ciel» qui nous accompagnera et nous fera déjà goûter sur cette terre la joie et la consolation. Avec cette foi en la présence de Sainte Angèle parmi nous, je commence avec vous ce nouveau chemin et: que « l’éternelle bénédiction , accordée par le Dieu Tout-puissant, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, soit sur vous toutes. Amen ». (Prologue Legs)

Valeria Broll